Fil de navigation UIB

Minute culturelle

 

En Tunisie, l'automne commence à faire ressentir ses effets dès le milieu du mois d'août. Au terme des grosses canicules, les orages, aussi brusques que drus, font leur apparition.

Ces averses parfois diluviennes sont désignées dans le parler tunisien, par l'appellation "Ghasselet Enouader". Cette expression signifie "Laveuse des meules" et désigne, plutôt poétiquement, le fait que ces fortes pluies viennent ruisseler sur les meules de foin éparpillées dans les champs après les moissons.

Scrutant le ciel, observant chaque nuage, les paysans attendent en la redoutant, cette laveuse de saison, convaincus qu'ils sont que l'automne, c'est le coeur de l'année alors que l'été n'est qu'un invité de passage.

En Tunisie, "Ghasselet Enouader" annonce à sa manière la fin de l'été et précisément celle de la saison nommée "Aoussou" dans le calendrier traditionnel. Dans le monde rural et surtout dans le Sahel de Sousse, "Aoussou" est accueilli avec faste voire selon un rituel auquel certains attribuent des racines antiques.

Commençant le 25 juillet et s'achevant le 2 septembre, Aoussou est réputé comme la saison la plus chaude de l'année. Entre été et automne, elle est suivie par ce que la tradition nomme "Qouayel erroman", autrement dit les siestes grenadines et plus précisément la torpeur des grenades. Il s'agit d'une autre dénomination poétique qui désigne la période durant laquelle les grenades arrivent à maturation sur fond de nouvelle canicule.

Le calendrier agraire tunisien regorge de métaphores plus expressives les unes que les autres. Ainsi toute l'année est ponctuée d'images et symboles qui vont des Nuits noires de l'hiver aux Descentes de la braise printanière en passant bien sûr par le rigoureux "Aoussou" qui continue à être célébré par un carnaval qui a pour théâtre la ville de Sousse chaque 25 juillet.